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Roses et Orties
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9 avril 2009

... Plusieurs façons de goûter la vie ...

CROQUER DU CHOCOLAT.

Pour commencer, la dent. Mais comme le chat en maraude, prendre son temps. S’offrir, pour raffiner le plaisir, un détour du côté des narine; sur la truffe ou le bonbon, humer les arômes du tropique où la cosse a mûri. Le doigt a sa place dans l’opération: il découvre simultanément, juste avant la fonte, l’exacte charpente du corps-chocolat. Puis la mâchoire se referme. Impérative, mais subtile: c’est dans cet équilibre que vont s’éprouver le savoir-faire, l’expérience, le talent du croqueur ou de la croqueuse de chocolat. Le reste, les effets de langue, les délices plus ou mois prolongées de la déglutition, l’abandon qui suit — ne forment que le couronnement de cet instant royal que je viens de décrire, où la bouche, sauvage et artiste ensemble, a possédé sa proie.

ALLER AU MARCHE.

Dans les grandes villes, le marché m’apparaît comme un des rares lieux de chaleur humaine et d’authenticité. On peut savourer le bon sens et l’humour des marchands en faisant un brin de conversation : les propos ne tournent pas seulement autour du temps qu’il fait, mais on parle avec franchise de l’air du temps. On échange aussi des nouvelles sur la santé, sur la famille, sur les voyages que l’on a effectués pendant les vacances… Des liens se créent spontanément, qui peuvent durer le temps d’un achat ou devenir plus constants, sans aucune obligation. C’est le sens même de la gratuité des relations humaines. Oui, je vois la bonté partout sur les marchés : bonnes choses proposées à l’étal, joliment disposées, et bonnes odeurs ; prodigalité de la nature en toutes saisons, conviant l’acheteur à la gratitude envers la terre nourricière ; amabilité des marchands, qui font souvent bon poids et offrent à un enfant un fruit ou une friandise… Voilà un grand remède à la tristesse et à l’isolement des citadins. On en revient le visage éclairé, le cœur content, on y retrouve l’appétit de vivre.

MANGER AVANT DE FAIRE LA CUISINE.

Faire les courses n’est pas ce pur moment d’allégresse tel qu’on le vante dans les reportages. Souvent il y a du monde, les poignées de sacs plastiques vous scient les phalanges et la petite monnaie ne vient pas… Non, le parfait mouvement de grâce dans les commissions c’est au moment de déposer les vivres fraîches dans la cuisine. Tout est là en vrac, une symphonie à venir, tout est frais, tout sent bon, le beurre, la viande, les herbes et les légumes, mais par-dessus tout ce qui fait craquer c’est le pain quand on le sort de son papier. On n’y résiste pas, on rompt un bout, on l’accompagne avec tout. Un morceau de beurre, pour commencer, puis de fromage, juste pour goûter, et le saucisson, tant qu’à faire, voir s’il est vraiment sec, avec juste une petite goutte de vin, rien que pour le goût, et un bout de pain encore. Après quoi on lance la cuisson du rôti, on re-goûte une petite rondelle de saucisson, cette fois-ci avec un cornichon, pour voir… C’est comme ça qu’on mange en faisant la cuisine, on se régale avant le repas, avec soi.

PARTIR.
Partir, c’est l’espace d’un instant entendre sa porte d’appartement claquer, la laisser se refermer sur les draps tirés d’un lit, les livres, les CD, l’agenda des rendez-vous, les lettres bleues de Gaz de France. Tout ce qui fait le quotidien va rester enfermé là pour laisser le maître des lieux s’en aller à la rencontre de l’imprévisible, tenter que sa vie ne soit plus une ligne droite, austère et rectiligne, qui va de la naissance à la mort, mais qu’elle peut se briser, se courber, s’incurver, que des accidents de parcours vont lui fabriquer de l’inédit... En somme, faire de sa vie un roman. Partir, c’est oser l’autre: Faire son travail d’homme en quelque sorte... Un départ est un contrat avec soi, il s’agit d’oublier le point de vue particulier qui était le nôtre pour aller se glisser dans d’autres peaux, d’autres rêves et vérifier qu’ailleurs règnent des vérités différentes. Partir, c’est aller confronter ses rêves à des réalité inédites et, avec un billet de train ou d’avion, emmener son être dans les couloirs de l’univers, lui faire rencontrer des bourrasques et des typhons, de multiples corps et de regards, des brises et des parfums, des ressacs. “Partir, partir, s’évader, traverser l’horizon, pénétrer dans une autre vie” (D.H. Lawrence).
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Commentaires
S
Ton programme me va tout à fait ! Tous les ingédients y sont. Retrouvons les bonheurs simples, ne cherchons plus midi à 14h...Il en faut vraiment peu pour être heureux...<br /> Bon week end à toi et tout ton petit monde
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