Les métiers ont-ils un sexe ?
Les chirurgiennes ont-elles droit à la sollicitude dont les infirmières entourent les chirurgiens ? Les enquêtes montrent qu'il n'en est rien. Pour se faire entendre, les femmes qui font des « métiers d'hommes » doivent déployer d'autres stratégies.
Imaginons une femme et un homme vêtus de blanc entrant dans la chambre d'un malade à l'hôpital pour une première visite médicale. Il existe une forte probabilité pour que, du fond de son lit, cette personne s'adresse à l'homme comme étant « le docteur », même si ce n'est pas le cas. Les représentations que nous nous faisons de la division sexué du travail sont tenaces. Au masculin sont associées les activités hautement valorisées, celles qui laissent une large place au commandement, à l'autonomie, à la création et à l'originalité. Au féminin sont associées, outre le statut de subordonnée, les activités de service, de soin, d'assistance, de soutien psychologique, ce que les Anglo-Saxons désignent sous le terme générique de care work. Le concept de care est difficilement traduisible en français ; il englobe en effet une constellation d'états physiques ou mentaux et d'activités laborieuses en rapport avec la grossesse, l'éducation des enfants, les soins des personnes, le travail domestique. En outre, le care dénote la dimension affective mobilisée par ce type d'activités dont la plupart nécessitent d'être réalisées avec « tendresse ».